Une journée d’immersion au cœur des traditions créoles.
Chaque année le 10 Août, les femmes prennent le pouvoir en Guadeloupe pour célébrer la richesse du patrimoine Guadeloupéen. Les gourmands retiendront surtout les mets savoureux. Toutes ces spécialités qui mettent l’eau à la bouche. Tous ces parfums qui chatouillent les narines et mettent en appétit.
La fêtes des cuisinières est bien plus que ça.
Elles transmettent de génération en génération l’esprit de fraternité à l’origine de leur mouvement. De 14 à 97 ans, un peu plus de 200 cuisinières de l’association défendent avec fierté leur identité insulaire à travers leurs chatoyants costumes, leurs coiffes portées avec élégances et fiertés.
Une tradition depuis un siècle qui prend sa source dans un élan de solidarité, le 14 Juillet 1916.
Au début du siècle dernier, une employée de maison perd son mari et peine à réunir suffisamment d’argent lui offrir un enterrement décent. Emues par l’histoire de la veuve, 5 femmes décident de lui venir en aide. La collecte organisée auprès des gens de maison fonctionne bien. Elle donne rapidement naissance à une tontine qui prend le nom de « Le Cuistot mutuel ». La première mutuelle, en Guadeloupe voit ainsi le jour. Elle assure à ces adhérentes d’avoir un enterrement décent à leur mort. Depuis, « Les Cuisinières » perpétuent la tradition. Elles offrent leurs talents lors des cérémonies d’enterrement.
Véritables gardiennes du patrimoine
Ces femmes de caractères ont développé leur association jusqu’à en faire un pilier de la tradition culinaire et vestimentaire guadeloupéenne. Véritables gardiennes du patrimoine, elles portent avec allure, le jour de la fête, leurs costumes traditionnels et leur tablier brodé au symbole de leur saint patron : St Laurent.
Faut-il voir un trait d’humour de la part des cuisinières dans le choix de ce St Patron ?
Le prêtre Laurent de Rome fut condamné à mourir grillé sur le bûcher. Il refusait de donner les trésors de l’église au préfet de Rome pour l’entretien des troupes de l’empereur. La légende dit que ces dernières paroles sur le bûcher furent :
« Voici, misérable, que tu as rôti un côté ; retourne l’autre et mange. »
…Ce qui lui valut le titre de St Patron des cuisiniers …et des rôtisseurs !
La procession : un moment de joie et de partage
Après la messe, Les cuisinières se rassemblent sur le parvis de la cathédrale en un festival coloré de madras et de coiffes. Elles se mettent en ordre pour le défilé, les bras chargés de plats authentiquement créole, de paniers de fruits de légumes et d’ustensiles de cuisine. La présidente et ces adjointes sonnent le départ armées de leurs clochettes. Elles annoncent leur arrivée à chaque carrefour et distribuent tout au long du parcours les plats bénis plus tôt. La joyeuse procession traverse la ville au son des chants et du Gwo Ka pour un grand moment de partage…de petits gâteaux savoureux !
Viens ensuite l’heure du pique-nique. Les cordons bleus au sommet de leur art font goûter leurs spécialités (le déjeuner est payant). Une délicieuse expérience de la gastronomie créole ! La fête continue par un bal et se termine tard dans la nuit.